Avant propos : pourquoi ces questions ?

Pourquoi accorder une telle importance à l'école et aux questions pédagogiques ?

J'ai une réponse plus personnelle ici.

Sinon, voici des arguments plus traditionnels.

Une première réponse est celle-ci :
Il n'y a de pédagogie que philosophique.
Toute autre prétendue « approche » détruit immanquablement et l'homme (dans sa liberté) et l'école (dans son rapport à la culture).

Une seconde réponse est dans Montesquieu :
« C'est dans le gouvernement républicain que l'on a besoin de toute la puissance de l'éducation. » [Suite de la citation ici]

 Il y a plus. Dans Montesquieu : chaque type de régime politique se donne l'éducation dont il a besoin et c'est le régime politique qui se donne une école, non la société civile. Ici, pas d'économisme.

Et voici alors une méthode d'analyse : on peut savoir dans quel type de régime politique on se trouve, simplement en regardant l'école mise en place et entretenue par ce régime, quels que soient les soins que ceux qui nous gouvernent prennent pour donner à cette école une apparence démocratique et républicaine.

Nous sommes entrés, aujourd'hui, et il n'est pas exagéré de le constater, dans une phase de bouleversement de l'école, dont la finalité n'est plus vraiment d'enseigner.
Dans certains pays, lorsque l'intégrisme religieux accède au pouvoir, son premier soin est de fermer les écoles ou, au moins, de l'interdire aux filles. Les mères analphabètes vont « éduquer » les enfants comme il convient dans ces régimes « théocratiques », qui sont en fait des tyrannies orientales, selon la terminologie de Montesquieu.
Certes, ces pays ont, comme partout, besoin d'élites dirigeantes bien formées, mais il leur suffit d'envoyer les héritiers dans les grandes universités anglo-saxonnes et de ne conserver dans le pays que des universités de théologie.

Dans les pays « démocratiques-républicains », on ne peut pas fermer les écoles, mais on peut les rendre inopérantes. Il suffit d'y rendre l'enseignement pratiquement impossible. Pour y parvenir, la méthode partout utilisée est celle de la « rénovation pédagogique ». Cette méthode présente l'avantage d'empêcher l'enseignement en faisant croire qu'on fait tout pour l'améliorer. Quant à la formation de nos élites, nous avons déjà, depuis longtemps, un système de formation bien séparé de l'école à la pédagogie rénovée, système qui est, lui, bien à l'abri de toutes réformes et de toutes rénovations pédagogiques.

Voilà pourquoi la philosophie politique, contrairement aux « sciences politiques » doit traiter sérieusement du problème de l'école et de sa pédagogie.