Vie privée, vie publique (du Président)

Cette distinction est essentielle et la non-distinction constitue ce qu'il faut très justement appeler le totalitarisme.
Il faut bien voir que tout pouvoir tend, par nature, à être totalitaire, c'est-à-dire à réglementer la vie privée de chacun, ne serait-ce que de façon anodine : ne fumez pas, mettez votre ceinture de sécurité, pas de fessées, on fera une taxe sur les produits sucrés... Et lorsque, simple exemple, on voit nos routes barrées par ces grands portiques truffés de capteurs et de caméras, on ne peut que se dire que la liberté de déplacement est sous contrôle.
À vrai dire tout pouvoir tend, par nature, au totalitarisme. Même la démocratie a besoin d'être surveillée. Montesquieu l'a déjà dit.

La vie privée est cet espace de liberté qui subsiste lorsque la société, tant politique que civile (avec l'intrusion de l'internet) a fini d'installer tous les contrôles qui lui sont nécessaires. C'est la raison pour laquelle la distinction vie privée, vie publique ne peut être que variable. L'éducation, par exemple, est une affaire privée jusqu'à la loi Guizot de 1833, date à partir de laquelle elle commence à devenir une affaire publique. Elle l'est, aujourd'hui de plus en plus sans qu'il soit toujours facile de savoir si cette évolution est légitime ou non.

Il reste que la vie privée est un espace de liberté qu'il faut préserver.

Pourtant s'agissant du chef de l'État, les règles ne sont pas les mêmes et ne peuvent pas l'être.
Indépendamment de la dimension proprement sexuelle du pouvoir, point important à examiner à part, regardons plutôt, aujourd'hui, l'aspect moral. Un chef d'État est forcément une personne à part. Il n'exerce pas un métier, mais une magistrature. Il est donc une référence et de ce fait, qu'il le veuille ou non, il est un modèle. Ce qu'il se permet est autorisé du simple fait qu'il se le permette car un Président ne saurait s'autoriser à faire ce qu'il ne faut pas faire ! Aussi le non-mariage, le papillonnage sexuel ou la cœur-d'artichaud-attitude sont-ils des comportements valides voire souhaitables. À bas le couple bourgeois !

Allez donc élever des enfants avec de tels modèles...