Lionel Jospin et l’islam

Lionel Jospin et l’Islam

En 1989 Lionel Jospin, ministre de l’Éducation nationale, répondait à Élisabeth Schemla, journaliste : « Et qu'est-ce que vous voulez que cela me fasse que la France s'islamise ? »

Aujourd’hui, ce même homme, tout aussi politique qu’autrefois (il a été membre du Conseil Constitutionnel jusqu’en 2019), approuve le ministre actuel de l’éducation nationale qui interdit abaya et kamis à l’école.

Bon, c’est de la politique active, qu’est-ce que le philosophe peut bien avoir à dire là-dessus sans être lui-même dans l’ordre de l’opinion ? Ceci.

Ce ministre de « gauche », aurait pu dire (en 1989) :
— mais non, mais non, la France ne s’islamise pas.
— ce n’est pas bien grave.
— c’est une excellente chose que cette religion devienne dominante.
Etc.

Non seulement il a préféré dire que ça ne lui faisait rien, mais il a de plus renvoyé la question à la journaliste (« Que voulez-vous que ça me fasse ? ») pour souligner l’incongruité de la question et la bêtise de qui la pose.

L’islamisation, comme toute autre religion, ne doit « rien faire » à un marxiste puisque pour Marx la religion est une invention humaine qui disparaîtra avec l’avènement de la société sans classes.
Lionel Jospin admet avoir évolué… mais pas vraiment. À l’époque de son propos, le 11-septembre n’avait pas eu lieu et l’état islamique non plus. Ce n’est donc pas lui qui a évolué, mais le monde qui a changé.
Pourtant on pourrait penser qu’il est de la responsabilité des hommes politiques de prévoir la possibilité de ce qui est arrivé. S’agissant de l’Islam, ce n’était pas très compliqué sachant que cette religion est aussi une politique.
Lionel Jospin a appliqué une conviction idéologique : les religions. Elle est même une théocratie (le califat). En outre, la thèse marxiste concernant les religions est fausse. Les religions ne sont pas rien, tant s’en faut.
Mais les idéologues ne doutent jamais de leur idéologie, même quand le réel leur inflige démenti sur démenti. Tout idéologue continue donc de penser qu’il a raison, contre le réel selon la formule :
« j’ai eu raison d’avoir tort, car j’avais tort pour de bonnes raisons tandis que ceux qui avaient raison ont eu tort d’avoir raison car ils avaient raison pour de mauvaises raisons. »