Laïcité : une définition rapide

Pour parler de la laïcité à l’école, il faut en avoir soi-même une conscience claire et le moins qu’on puisse dire est que ce qu’on entend dans les médias n’y aide pas. On s’y combat et, pour vaincre l’adversaire, tous les coups y sont permis.

La philosophie, du moins lorsqu’elle se tient, comme il convient, à l’écart de ces combats-spectacles, peut seule aider. Voici, et je résume ici ce que j’ai déjà développé ailleurs, en cours, en conférence ou en publication.

La laïcité se comprend en trois domaines.

1. Elle est un dispositif légal ou constitutionnel. La loi dit ce qu’elle est et ce qu’il en coûte de ne pas la respecter. C’est, directement, l’art. 2 de la Constitution de 1958.

2. Elle est un argument dans le débat politique : soit qu’on lui reproche de n’être pas assez stricte, soit qu’on lui reproche de limiter la liberté de conscience. Ce terrain étant celui de la stricte politique politicienne, le mensonge et le faux semblant sont rois. Le philosophe n’a aucun intérêt à entrer dans ce jeu : il y perdrait tout. Il faut donc s’en détourner.

3. Elle est un élément essentiel de la construction républicaine de la vie politique. C’est ce que dit le philosophe. Pour rappel, un gouvernement est républicain dès lors qu’il est régi par des lois et non par la volonté d’un chef (dictature) ou d’un clergé assurant avoir accès à la volonté de Dieu (théocratie).

La laïcité est tout simplement le renoncement à la théocratie, non le renoncement à Dieu.

Elle signifie que nous devrons chercher la justice avec le seul moyen dont nous disposons : la raison.

Voici venu notre moment saint Paul / Rousseau (Contrat Social, L.II, De la loi) : « Toute justice vient de Dieu, lui seul en est la source ; mais si nous savions la recevoir de si haut, nous n’aurions besoin ni de gouvernement ni de lois. »

Pourtant, dans les faits, les choses ne sont pas si simples. Exemple. Porter le voile ne devrait pas être un problème. Mais si le port de ce voile est un militantisme pour la minorité de la femme, alors ce port est une attaque contre la république et la religion qui tente de la propager n’est plus seulement une religion, mais une politique. On ne peut alors que la traiter comme telle.

On ne doit, par laïcité, respect et protection qu’aux religions qui ne tentent pas d’être une politique.

Second exemple : une religion peut refuser l’homosexualité. Elle est alors dans son rôle pastoral légitime. Mais si elle menace des feux de l’enfer les fidèles qui voteraient pour ceux qui ont établi la loi, alors elle est une politique et non plus seulement une religion.

À suivre...