De l’égalité

De l’égalité en droit et dans les faits

Égalité, voilà bien un mot dangereux, aussi dangereux que son presque synonyme justice.
L’égalité est un principe et ne caractérise un fait que s’il est conforme à ce principe. Il doit être proclamé comme un fondement sur lequel construire la société, non comme un état de choses préexistant auquel se conformer.
La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen a raison de poser d’abord et avant toute autre disposition une égalité en droit. Seulement en droit. C’est la seule égalité qui puisse être mise en place d’un instant à l’autre. Quant à l’égalité en fait, si on la trouve souhaitable, il revient au fonctionnement social de chercher à la réaliser. Du moins autant qu’il est possible d’y parvenir sans détruire... la société elle-même. Car le temps et la force des choses engendrent toujours et nécessairement des distorsions qu’il faut corriger dès lors qu’elles-mêmes, à leur tour, menacent de détruire la société.
Les inégalités de fait se corrigent non par une stricte égalité des possessions, qui seraient égalitarisme mais par des dispositions de solidarité ou, si l’on veut, de fraternité. Car l’égalitarisme ne s’obtient qu’au détriment de la liberté et encore dans ce cas, il ne s’obtient qu’en apparence.
Concluons que l’égalité est, de droit, un principe constitutif des sociétés qui établit, en fait, que nul ne dispose de privilège, si ce n’est avec l’accord de tous.
À suivre...