Danièle Sallenave et la censure

Anastasie

Il était question, ce matin 1 novembre 2013 de l'autoédition et de la montée en puissance de ce mode d'édition dont l'un des aspects les plus marquants est d'échapper aux éditeurs classiques.
Arrive Danièle Sallenave pour son billet hebdomadaire et, prise au dépourvu par la question du journaliste (Hervé Gardette aujourd'hui) qui lui demande son avis sur l'autoédition, elle répond ceci :

« C'est intéressant, c'est compliqué cette question parce que le fait de l'édition a toujours représenté une étape, j'allais dire, de regard sur le manuscrit, de correction, d'avancement, dans l'achèvement même.
Ce que je redoute un peu c'est qu'on puisse publier sans aucune censure.
J'entends pas la censure au sens politique ou moral, mais au sens intellectuel et... voilà.
Donc il faut voir ça.
- C'est bien d'être un petit peu chaperonné, voilà, quand on veut écrire...
- Je le pense, oui, je le pense. »

 

Oui, Censure ! Comment une Académicienne peut-elle en appeler à la censure ?
Et la nuance apportée, censure non pas politique ou morale mais censure des idées aggrave la situation en même temps qu'elle la révèle.
Pourtant ce n'est pas à elle qu'il faut rappeler que censurer les idées, c'est restreindre le droit de penser et en restreindre l'expression aux idées en cours.
Je ne sais pas si les éditeurs exercent une censure des idées, mais je viens de comprendre comment un entre-soi d'intellectuels se réserve la liberté de penser et la liberté de publier.
J'imagine que pour sa défense, Danièle Sallenave dira qu'elle employait le mot censure dans un sens qui n'est pas celui de la censure, mais c'est quand même ce mot qu'elle a employé et c'est bien une sorte de contrôle qu'elle veut exercer.

On souhaiterait qu'elle se reprenne car on ne veut pas croire à ces paroles là :

Depuis, Danièle Sallenave m'a fait savoir que je mésinterprétais ses propos, censure signifiant, ici, aide à l'élaboration des idées et de l'expression...
Je ne publie pas sa lettre, ne disposant pas de son autorisation. En revanche les réactions des lecteurs (plus de 70 à ce jour) méritent d'être résumées. J'en présenterai bientôt une synthèse. 

 Petit bilan, donc, mai 2014.

Depuis que j’ai publié cette page (près de six mois), j’ai reçu exactement 127 messages.
Hors classement : 34 messages d’insultes, 13 à mon adresse (dont un qui me traite d’anarchiste, mais que je place tout de même dans les insultes étant donné le ton) et 21 à l’encontre de Danièle Sallenave, vue principalement comme une stalinienne. On pardonnera à l’égarée (c’est signé féminin) qui la voit comme nazie.

Les 93 autres messages se répartissent assez facilement en trois groupes.


Le premier, le moins nombreux (22 messages), approuve mon inquiétude à l’égard de l’utilisation inconsidérée du mot « censure ».

Un second groupe (28 messages), veut me rassurer en estimant que ce mot a dépassé la pensée de l’Académicienne : elle ne veut pas rétablir la censure, mais seulement « guider la main qui écrit ». Je ne vois pas bien en quoi cela devrait me rassurer.

 

Le troisième groupe, le plus nombreux, 43 messages, approuve l’idée de censure : surtout ne pas laisser s’exprimer certaines idées, parmi lesquelles, outre les classiques racisme, xénophobie, stéréotypes de genre, on trouve nation, identité nationale, civilisation, islamophobie... bref tous les classiques de ce que je ne sais plus qui appelle le « prêt à penser » (j’espère que ce n’est pas Rioufol, sinon pauvre de moi !).

 

Merci aux amis et anciens étudiants qui soutiennent, comme moi, que la censure, surtout celle des idées, n’est jamais une solution.
Je ne les ai pas comptabilisés ici car ils m’ont surtout téléphoné.