Un avis sur la philosophie
La philosophie est une activité inévitable. Et générale. Tout le monde est philosophe. Tout le monde n'est pas spécialiste de philosophie, mais tout le monde s'est forgé, sur toute chose, un avis au quel se tenir. Moi aussi.
Pourtant il faut savoir se demander si les opinions sur lesquelles on s'est arrêté sont les bonnes. Comment être sûr de ne pas être dans l'erreur?
De plus, mais tout le monde n'est pas dans ce cas, je suis spécialiste de philosophie. C'est inscrit sur mes diplômes. Excusez du peu : agrégation, doctorat avec superbe mention...
Pourtant je connais bien des gens dont les titres, arborés comme des quartiers de noblesse et rendant les miens tout à fait ridicules, ne les empêchent pas d'être philosophiquement très faibles.
Les titres, surtout en matière scientifique, ne sont que des repères sociaux. Ils ne signifient rien d'autre, surtout pour ce qui concerne la philosophie. Les diplômes garantissent seulement une certaine érudition. Mais être savant en philosophie est une chose, savoir philosopher en est une autre.
Savoir philosopher (ou être philosophe), c'est réussir à penser par soi-même. C'est d'abord savoir ce qu'on penser. C'est ensuite être capable de dire ce que vaut ce qu'on pense.
Au fait quelle philosophie ?
C'est en effet le problème. Être philosophe, est-ce « avoir » une philosophie ? Faut-il avoir une philosophie personnelle, c'est-à-dire originale ?
Avoir une philosophie originale n'est pas possible. Rares sont les philosophes qui ont apporté avec eux une philosophie réellement originale... La plupart n'ont fait qu'apporter c'est déjà beaucoup des traits originaux à une philosophie déjà là.
Les philosophies, en effet, s'installent comme une ambiance, comme une atmosphère. On en est imprégné et on les propage sans s'en toujours s'en rendre compte.
Mais une philosophie dont on n'est pas conscient n'est pas autre chose qu'une idéologie...
Idéologie, voilà un mot à regarder de près !
Le matérialisme contemporain
L'ambiance intellectuelle de notre époque, et depuis longtemps, est le matérialisme. Spontanément, nous avons tendance à expliquer tout phénomène par les propriétés de la matière. Pas d'esprit, mais un cerveau, dont nous nous attendons à percer tous les mystères d'un jour à l'autre.
En philosophie, on appelle cette attitude, une réduction. Mais ce ne sont pas les matérialistes qui sont à craindre, mais les mauvais.