Magistrats et journalistes « politisés »

Tout le monde a le droit d’avoir des opinions et avis politiques. Tout le monde a le droit de les exprimer.

Sauf à exprimer des opinions interdites, puisque depuis quelques années, la France a renoué avec le délit d’opinion dont on croyait pourtant que la République, fidèle à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (1789) nous protégeait.

Elle ne nous protège plus, et j’expliquerai, un jour, comment on en est arrivé là et même comment la République, sous la pression du moralisme, abandonne la politique et ne fait plus que de la surveillance morale et de la conduite des mœurs.

Pour revenir à nos magistrats et à nos journalistes, ils ont le droit d’avoir des opinions. Mais ils ne sont pas des citoyens comme les autres parce qu’ils ont un pouvoir sur les autres citoyens : ils les condamnent, pour les premiers, ils forment l’opinion pour les autres.

Un magistrat dont on connaît, parce qu’il les a fièrement exposées, les options politiques ne devrait plus être magistrat. Il devrait être relevé de ses fonctions et d’instruction et de siège. On pourrait, par exemple, en faire un greffier ou un employé de bureau.

Car, nous dit Montesquieu, on doit craindra la justice, pas les juges. Or c’est le contraire qui se produit : on craint les juges, pas la justice.

Quant aux journalistes, ils ont le droit d’être militants. Militer, c’est tordre la vérité pour faire triompher coûte que coûte la cause qu’on défend. Mais s’ils sont militants, ils doivent ne travailler que dans les organes de presse, écrite ou non, déclarés comme orientés et non présenter leurs opinions comme des informations.

Or, les informations, dans les grands organes de presse, sont presque toujours présentées de façon à induire une interprétation.

D’où la conclusion : abandonnons, dans les petites classes, la semaine de la presse à l’école et, dans les grandes classes, enseignons l’art de la rhétorique et de la dissimulation.

Exemple d’exercice : comment présenter une information de manière à ce qu’elle soit défavorable à une personne que vous n’aimez pas sans pour autant être mensongère ?

L’exercice inverse est tout aussi intéressant.