Rétablir l'école sur ses bases

Ce qu'il faut rétablir dans notre école

J'aurais dû m'y attendre, on me demande quelles seraient mes propositions pour une réforme de l'école et du collège !
Heureusement, je ne suis pas chargé d'un mission de réforme et je plains par avance les ministres qui doivent s'y coller.
Cependant, et de mon point de vue, celui exposé dans tout mon travail et notamment dans ma dernière publication (ici), je peux rappeler quelques principes.
1. La pédagogie n'est pas à inventer ou à moderniser. Elle est faite et il ne suffit que de la débarrasser des idéologies qui l'occultent.
2. Une école doit enseigner. Si elle ne le fait pas, si elle croit pouvoir gaspiller le temps scolaire en activités essentiellement ludiques elle aggrave les inégalités au lieu de les réduire. Car l'inégalité se trouve en ceci que ceux qui sont bien nés, qui habitent dans les bons quartiers ont accès à une école qui enseigne. Les autres sont envoyés dans un simple Système de Gestion de l'Enfance et de la Jeunesse où l'enseignement, quoiqu'il se produise parfois, n'est en général pas possible.
3. Il faut mettre fin au mensonge d'une même école pour tous avec une pédagogie identique pour tous. Une même pédagogie ne peut réussir avec des élèves les uns capables d'apprendre, les autres en grande difficulté. Dans une telle école, les uns et les autres perdent leur temps. Et l'écart se creuse entre ceux qui sont dans une telle école et ceux qui sont dans une école qui enseigne.
4. Aucun élève ne doit être bridé dans son avenir parce que d'autres élèves de la classe ne peuvent pas suivre. Il faut donc revenir à des groupes ou classes de niveau. Les A, classes formées d'élèves sans problèmes, pourraient voir leurs effectifs monter à 28 ou 30. Les B, classes formées des élèves plus moyens pourraient avoir des effectifs allégés, 24, par exemple. Quant aux C, classes où sont rassemblés les élèves les plus en difficulté, elles devraient connaître un effectif très allégé : 12 ou 15. Ces classes devraient en outre être prises en charge par des maîtres ayant reçu une formation complémentaire spécifique et n'étant tenu par aucun programme, aucune méthode, autres que ce qu'il décide lui-même de mettre en œuvre. Sa mission ne serait que de remettre sur les rails le plus d'élèves possible. Bien entendu, cette mission devrait être rémunérée à la hauteur du défi, par une bonification indiciaire, une carrière accélérée et une prime substantielle. 
5. Dès la classe de quatrième, les formations professionnelles doivent pouvoir être envisagées, à la condition qu'elles ne soient jamais des impasses. À quatorze ans on peut commencer d'apprendre un métier. À seize ans, c'est plus difficile.

On s'arrête là. On pourrait parler des rythmes scolaires, point sur lequel notre ministre a évidemment raison, mais point sur lequel on a tort d'invoquer la chronobiologie . Et encore plus tort de mettre en cause un conservatisme professionnel.
Il faut en rester à l'essentiel. Entrer dans les détails prématurément fait toujours oublier les principes.
Encore une remarque, critiquer le fameux « élitisme républicain » est une façon masquée, mais semble-t-il efficace, de refuser l'école à la grande masse des élèves. Les héritiers, eux, continueront d'aller dans les bonnes écoles, de se battre pour entrer à l'école Alsacienne et au collège annexé au lycée Henry IV.