Le Harcèlement 2.0

On va dire 2.0 pour avoir l'air à jour. Car le problème du harcèlement à l'école dit, maladroitement « harcèlement scolaire » (ce n'est pas l'école qui harcèle) pose en réalité une question concernant notre mode de vie en général. L'école renonce de plus en plus à enseigner ou à instruire et se croit obligée de borner son rôle à de l'animation. Les parents, eux, renoncent à éduquer ou n'osent plus le faire, car éduquer, c'est tout de même un peu interdire et il est convenu qu'il ne faut rien interdire aux enfants.
Et pourtant, si les ados n'avaient pas de compte Facebook ni non plus de smartphone, cet aspect-là de la violence serait résolu avant même de se poser.
Si les enfants n'avaient pas accès à l'internet hors de tout regard d'adulte, la question serait résolue avant même de se poser.
Si l'école se construisait solidement autour de la culture au lieu se penser en « lieu de vie », ces difficultés seraient au moins atténuées.
De même si les parents réapprenaient à dire « non », bien des difficultés seraient aplanies.

Mais où en sommes-nous ? Nous parlons d'introduire la culture à l'école, comme si ce n'était pas son lieu naturel ! D'enseigner la morale, comme si l'école n'était pas par nature le lieu de la morale ! D'en faire un lieu de non-violence !

Sommes-nous encore capables de penser l'école ?

Tout cela me rappelle les débats contournés de la commission sur la violence à la télévision (dont j'étais) : hors de question d'interdire le spectacle de la violence aux enfants. On a tourné autour du pot en envisageant des sortes de précautions, de préparations, d'activités scolaires spécifiques... Mais pas de dire non au spectacle de la violence ou aux jeux vidéo violents.
Il n'y a pourtant pas d'autres moyens : il faut protéger absolument les enfants de la violence et de la pornographie en en rendant l'accès impossible.

Alors ? Pas de page Facebook. Pas de smartphone. Pas d'accès solitaire à internet.
Et vous savez quoi ? Les parents avisés le savent bien et leurs enfants, s'ils ont des smartphones, n'ont pas d'abonnement data. S'ils consultent internet, ce n'est jamais seuls dans leur chambre. Et s'ils ont un compte Facebook, les parents ont les codes d'accès, surveillent ces pages en continu et se sont renseignés sur la résolution des problèmes de piratage.

Y a-t-il moyen de faire autrement ? Faut-il sacrifier les enfants sur l'hôtel de la modernité pour vous éviter d'être accusé de ringardise ?
Courage. Repensons et l'école et l'éducation. Ni l'une ni l'autre ne doivent se laisser détruire par le 2.0 !