La quenelle antisystème ?

Je reçois d'une collègue de lettres enseignant en classe de 4e un petit compte rendu d'une discussion qui s'est spontanément organisée dans sa classe à propos de la quenelle. Voici, résumées, ses conclusions.

1. Les élèves ne paraissent pas prendre ce geste comme un geste raciste, mais bien comme un geste antisystème.

2. Par antisystème, ils n'entendent nullement une contestation du système à la manière de 68.
Ils veulent seulement dire que les avantages du système ne profitent qu'à quelques uns et pas assez à eux. Ils veulent avant tout pouvoir en profiter davantage eux aussi. Et quand on leur demande quels sont ces avantages qui sont réservés aux autres et dont ils sont eux-mêmes privés, ce qui vient en tête, c'est iPhone 5 à 750 euros et les vêtements de marque tout aussi hors de prix.

3. Ils ne se perçoivent nullement comme racistes, mais seulement comme appartenant à des bandes différentes venant de quartiers différents. Il y a la bande des Blacks, celle des Robeux... des « sales blancs ». Et, non. Pas de bande de « Feuj».

4. Ils ne perçoivent absolument rien de la « problématique Dieudonné » concernant la concurrence mémorielle, rien non plus de l'ensemble de son propos. Ils le trouvent plutôt marrant quoique souvent « relou ». Toute la classe l'a regardé sur Youtube.
Ils réprouvent vivement l'interdiction de son spectacle.

Alors ? Ces élèves ont peut-être raison. Notre antiracisme repose sur des caractérisations et des présupposés qui sont les nôtres et qui datent de nos époques. Eux, ils sont d'aujourd'hui et ne nous comprennent pas.

Mais c'est sans doute nous qui ne les comprenons pas.
Je crains que l'antiracisme ne soit devenu qu'une sorte de fond de commerce politique.