La notation à l'école

Dans l’état actuel des débats sur l’école, nul ne sera surpris de voir le problème de la notation posé non seulement en terme de tout ou rien, mais aussi en termes caricaturaux : rien entre les coups de règle de fer sur les doigts avec zéros pointés (Une du monde du15 novembre2014) et l’abandon de la notation, chiffrée ou par lettres. On ne doit pas s’en étonner. Le journalisme, souvent, cherche plus à militer qu’à informer. Il faut donc deviner l’information à travers les prises de positions.

Rappelons que les coups de règle, même en bois, sur les doigts, sont un folklore de punition, tout comme le zéro pointé. À supposer que de tels comportements pédagogiques aient jamais existé – en trente ans de carrière, je n’ai jamais rien observé de tel – ils ne seraient pas autre chose qu’une punition. Pas une notation. Pas même une sanction.

La notation consiste à placer le résultat d’un travail sur une échelle de valeur, objectivant ainsi, et surtout pour l’élève lui-même, ce que vaut ce qu’il vient de faire. Accessoirement, et de manière distincte, la notation permet également aux parents et à l’institution de voir les progressions des élèves.

Car cette notation est nécessaire :
pour l’élève lui-même, qui a besoin d’être confirmé dans les progrès qu’il sait bien avoir fait ;
pour les parents, qui ont besoin de savoir si tout va bien ;
pour l’institution, qui a besoin de savoir si sa manière de travailler doit être revue.

Dans chacun de ces cas, la notation doit être comprise, par chacun des destinataires dans ce qu’elle signifie et surtout par les élèves et les parents (on suppose que l’institution sait ce qu’elle fait) mais supprimer la notation, ce n’est pas autre chose que casser le thermomètre.

Et comme sur ce site on aime bien un peu de malice, je vais rappeler que récemment on a institué une évaluation des Inspecteurs généraux de l’éducation nationale : ils seront dorénavant payés au mérite. L’indépendance des IGEN exige que leur rémunération ne dépendent pas des services rendus. En revanche, les élèves doivent être évalués et selon des procédures pertinentes que seuls les maîtres peuvent, personnellement, mettre au point. Si l’on supprime l’évaluation des élèves, on finit de mettre le monde à l’envers.