Classes préparatoires

Trois de mes fidèles lecteurs (salut à toi H. F., je t'ai reconnu) m'écrivent dans leurs mails que les classes préparatoires sont des survivances pour privilégiés et qu'ils souhaiteraient bien leur disparition.
Les classes préparatoires sont bien, en effet, un système pour privilégiés ou plutôt pour les « héritiers », mais je ne suis pas favorable à leur disparition. Au contraire.

Écartons la question de la rémunération des professeurs de ces classes. C'est une affaire professionnelle qui ne nous concerne pas et s'ils sont bien payés, tant mieux pour eux. S'il y a des abus (colles, heures supplémentaires, etc.), voir la Cour des comptes.

En revanche, loin de souhaiter leur disparition, il faut souhaiter leur généralisation, car ce qui est scandaleux, ce n'est pas qu'il existe un enseignement d'excellence, mais que cet enseignement ne soit pas ouvert plus largement. Ce n'est pas le filtrage opéré à l'entrée de ces classes qui est en cause, mais plutôt le très faible nombre d'élèves qui, au sortir des Terminales, n'ont pas le niveau leur permettant de suivre avec profit un tel enseignement.

1. Rétablissons une école primaire qui enseigne réellement et remettons la culture et non l'élève au centre du système scolaire. C'est le premier point.

2. Construisons un collège adapté à chaque type d'élève et permettant à chacun d'aller jusqu'au bout de ses capacités, quel que soit son milieu social. Et développons les humanités classiques. C'est le second point.

3. Détachons la classe Terminale des lycées et construisons avec ces classes Terminales, les classes préparatoires et les deux premières années d'université une forme de collège universitaire très largement ouvert et diversifié avec des professeurs du second degré (agrégés ou reconnus de ce niveau). Les deux premières années d'université ne sont en fait que des années de mise à niveau qui ne requièrent nullement un enseignement par des enseignants-chercheurs. Mais elles requièrent des enseignants savants.

Encore une fois, le scandale n'est pas dans l'existence d'un excellent enseignement, mais dans les obstacles que notre système d'enseignement dispose à tous les étages et particulièrement dès les premiers degrés, pour que l'accès à ces classes ne soit accessible qu'aux « héritiers ».